Vers une industrie durable ?

Vers une industrie durable ?

Tribune publiée dans Politique Média, février 2025

"La réindustialisation sera circulaire ou ne sera pas, l'exemple de la Sextech"

💜 Le sextoy est aujourd’hui un objet du quotidien pour une part croissante de la population. Il accompagne l’exploration intime, seul ou à plusieurs, répondant à des besoins variés. Son adoption a explosé : en 2021, plus d’une personne sur deux déclarait en avoir déjà utilisé un, contre seulement 10 % en 2007. Derrière cet engouement, l’industrie du sextoy connaît une croissance fulgurante, avec un marché mondial estimé à 40 milliards d’euros, qui devrait doubler d’ici quatre à cinq ans. Mais cette révolution cache aussi des enjeux majeurs.

🌍 Si l’innovation est au cœur du secteur, avec des modèles à plus de 300 € intégrant des technologies avancées, la production reste massivement délocalisée en Asie. Cette dépendance pose des questions sur la transparence des conditions de fabrication, mais aussi sur l’impact écologique.
👉 Plastiques non recyclables, batteries difficiles à extraire, absence totale de filières de revalorisation : l’industrie du sextoy fonctionne aujourd’hui sur un modèle de consommation jetable (Woody n'a pas sa place dans la poubelle...😉). Plus les jouets sont sophistiqués, plus ils deviennent irréparables et polluants. Pourtant, ces enjeux restent largement occultés.

❌ Des modèles alternatifs sont donc à inventer mais des freins subsistent et tendent à décourager les quelques entrepreneurs qui s’attaquent au sujet. Les banques refusent souvent d’accompagner les entreprises du secteur, rendant l’accès aux financements quasi impossible. Sur les réseaux sociaux, la censure implicite (shadowban) limite leur visibilité, les privant d’un levier de croissance essentiel. Le tabou de la sexualité restant une réalité, le bouche-à-oreille est un canal de communication contraint pour le développement du secteur.

♻️ Pour autant, le Made in France émerge : KRAPULLE avec le silicone, idee du desir et Bobtoys avec le bois, La Mère Michet grâce à la céramique. Des marques s’engagent sur le recyclage comme Passage du Désir. Chez Rejouis, nous avons démontré qu’il est possible de reconditionner les sextoys et de leur offrir une seconde vie grâce à des procédés sécurisés. Nous avons la conviction qu’il est possible de changer les choses en travaillant de concert avec les différents acteurs du secteur.

Cette approche, appliquée à grande échelle, pourrait structurer une filière durable et locale. Plus largement, l’économie circulaire représente une opportunité pour réindustrialiser nos territoires. Encore faut-il s’en donner les moyens. Produire autrement est un défi, mais aussi une nécessité.

Bénoni Paumier et Laura Martinet de Rejouis 

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